Alors qu'on veut nous interdire les plaisirs de la vie et que mon père a vendu du tabac, je vais vous présenter aujourd'hui un poême sur ce délassement. Ce sonnet de Saint-Amant est tiré du receuil que je vous avais présenté au début d'octobre 2013, le trésor de la poésie baroque et précieuse (1550-1650), paru en 1969 aux éditions Seghers.
Le voici:
Assis sur mon fagot, une pipe à la main,
Tristement accoudé contre une cheminée,
Les yeux fixés vers terre, et l'âme mutinée,
Je songe aux cruautés de mon sort inhumain.
L'espoir, qui me remet du jour au lendemain,
Essaie à gagner temps sur ma peine obstinée,
Et venant me promettre une autre destinée,
Me fait monter plus haut qu'un empereur romain.
Mais à peine cette herbe est-elle mise en cendre,
Qu'en mon premier état il me convient descendre,
Et passer mes ennuis à redire souvent:
Non, je ne trouve point de différence
De prendre du tabac à vivre d'espérance,
Car l'un n'est que fumée, et l'autre n'est que vent.
C'est sans illusion, mais tout est dit.
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